Il est parfois difficile de comparer la souplesse d’utilisation d’un système d’exploitation quand on est un "utilisateur averti". Pour évaluer objectivement les avantages et les défauts de chacun, mieux vaut être un(e) "newbie". Ou comment la femme de Dave Fancella s’est vu jouer le rôle du "candide" dans un test comparatif d’installation de Windows 2000 et de Linux Mandrake 9.2.
L’article original est publié sous licence CC by-nd, c’est-à-dire que vous pouvez le distribuer sans en modifier le contenu, sauf si vous souhaitez le traduire (et en parlant de cela, un grand merci à VeroH, notre Wonder Woman de la traduction).
L’article original est publié sous licence CC by-nd, c’est-à-dire que vous pouvez le distribuer sans en modifier le contenu, sauf si vous souhaitez le traduire (et en parlant de cela, un grand merci à VeroH, notre Wonder Woman de la traduction).
Bon, de mon point de vue, la distribution de Linux Mandrake 9.2 est extrêmement facile à installer. Mais bien sûr, j’en connais un rayon sur les ordinateurs. La question centrale est de savoir si l’utilisateur lambda (que nous appellerons le « simplet » de base, sans aucune notion péjorative) peut installer lui-même Linux. Les différentes distributions se sont beaucoup améliorées et à mon avis, le « simplet » de base peut installer Linux plus facilement que Windows. Néanmoins, de nombreuses personnes ne sont pas d’accord avec moi. En fait, dans un forum Online auquel je participe, quelqu’un m’a mis au défi de tester mes idées. Très bien me suis-je dit. Et j’ai accepté.
Mais tout d’abord, et comme toujours, un peu d’histoire.
La facilité d’utilisation de Linux
Vous savez tous (n’est ce pas ?!) que la « source » de
Linux est disponible pour tous (ce qu’on appelle « open source » en
anglais). Tous les systèmes d’exploitation qu’on appelle en général
Linux (mais qui devraient s’appeler GNU/Linux, sauf si on parle d’une
distribution donnée) sont « open source ». Ceci signifie que le code de
la source est visible pour tous. Ces systèmes d’exploitation ont
commencé à être développé en 1984, quand Richard Stallman a démarré le
projet GNU. Aux alentours de 1991, Linus Torvald a commencé à travailler
sur son émulateur de terminal, qui évoluera, comme par magie, pour
fournir à la fin un noyau (« kernel ») POSIX, connu sous le nom de
Linux. En couplant Linux avec GNU, on obtient ainsi un système
d’exploitation complet. Même si, formellement, le développement du
système d’exploitation a commencé en 1984, ce n’est qu’à partir de la
moitié des années 90 que tout a réellement commencé à bouger. Et tout ça
n’a en fin de compte réellement pris de l’ampleur que récemment,
lorsque de nombreuses entreprises (comme IBM et SUN) s’y sont
impliquées. Ainsi, à l’heure où j’écris ces lignes, on peut dire que
Linux a derrière lui 10 bonnes années de développement.
Au début, il était quasiment impossible d’avoir un noyau
Linux qui travaille de concert avec les logiciels GNU. Au même moment,
Windows 95 a été lancé sur le marché et il était assez facile à
installer. Il fallait juste cliquer à différents endroits dans une
fenêtre d’aide à l’installation, de laisser fonctionner le logiciel et
boum, ça y était. Au cours des années, Windows est devenu à la fois plus
simple et plus compliqué à installer par rapport à l’époque de Windows
95. Et Linux s’est diversifié car plusieurs entreprises ont sorti leurs
distributions, dont les systèmes d’installation différaient. Si on
considère la facilité d’utilisation générale de ces distributions, 3
distributions de Linux (Red Hat, Mandrake et Sun) prennent la tête du
peloton. Et c’était ces 3 mêmes distributions qui étaient, et de loin,
les plus facile à installer. J’ai installé et utilisé ces 3
distributions et je préfère la Mandrake. D’ailleurs, ce serveur web
tourne sur Mandrake 9.2 (avec néanmoins un noyau compilé selon mes
soins).
S’emparer du monde des ordinateurs
Il y a peu d’endroits qui vous fournissent Linux sous forme de OEM [1].
Wallmart.com vous vendra des produits avec soit Lindows, soit Mandrake
Linux dessus, et ça c’est vachement cool. Frye’s vous vendra Thiz Linux
déjà installé sur quelques-uns de ses produits Microtech. J’ai aussi
déjà vu des boutiques d’ordinateurs qui vous installent la Red Hat. Mais
sinon, on est encore loin du jour où Linux sera installé d’office sur
votre ordinateur lorsque vous le commanderez. Donc, si Linux veut
s’emparer d’une part significative du marché, ce sont les gens eux-mêmes
qui doivent décider de l’installer, Ce n’est que lorsque suffisamment
d’individus auront décidé de l’installer que les OEM seront plus enclins
à ouvrir leurs lignes de production aux ordinateurs basés sur Linux.
Entre temps, chaque utilisateur qui migre vers Linux devra l’installer
lui-même ou demander à quelqu’un de l’installer pour lui.
Ainsi la question est donc : Est-ce que le « simplet » de base peut installer Linux ?
Qui est le « simplet » de base
Bon, je n’aime pas les surnoms stupides comme « Marcel
le Beauf » ou autre. Le « simplet » de base est quelqu’un qui dira à
propos de lui-même qu’il ne comprend rien aux ordinateurs. Il ne sait
pas ce qu’est un noyau, confond fréquemment les disquettes avec les
disques durs, ne sait pas ce qu’est Internet (même s’il sait vérifier
ses mails et en envoyer) et ignore un tas de chose. Windows a rendu
abstrait la plupart des choses, et les gens ne doivent plus comprendre
les ordinateurs pour les utiliser. Ce n’est pas une bonne chose, mais
cette opinion personnelle n’est pas le sujet de cet article.
Ainsi, notre « simplet » de base n’est pas forcément
bête, mais il ne connaît pas grand-chose aux ordinateurs. Il sait
utiliser une souris, la bouger, cliquer et ne sait probablement pas
comment utiliser un touchpad [2].
Il sait que si l’’ordinateur se plante, il doit le relancer en appuyant
sur le bouton « reboot ». Si ça ne résout pas le problème, alors il
appelle quelqu’un qui s’y connaît mieux. Vous pouvez être vous-même un
« simplet » de base ou alors vous pouvez être celui que le « simplet »
de base appelle pour arranger son ordinateur.
Ma femme n’est pas une idiote !
Et bien non, elle n’est pas bête ! Mais si on parle
d’ordinateurs, alors là, elle peut se qualifier comme un « simplet » de
base. Elle utilise Linux depuis 2 ans et c’est moi qui l’ai installé et
qui me suis occupé de la maintenance de nos ordinateurs. Autant dire que
pour ma part, je ne suis pas un « simplet » de base. :-)
Si la question est de savoir si n’importe qui peut
utiliser Linux s’il est déjà installé, la réponse est OUI et ma femme en
est la preuve vivante. Elle le fait chaque jour.
Le défi
Bon, nous voilà arrivés à la question centrale de cet
article. Le défi posé était le suivant : « Ta femme ne comprend rien aux
ordinateurs, mais elle peut utiliser Linux. Néanmoins, elle ne pourra
pas l’installer. » Et ma réponse a été « Oui, elle peut le faire et je
vais vous le prouver ». Et voilà donc posé noir sur blanc le Défi.
Les règles
Les règles sont simples. Il m’est défendu de l’aider. Ça
serait trop facile si elle pouvait me poser des questions et avoir les
bonnes réponses. Alors, pas question de l’aider vu que l’idée de départ
est que le « simplet » de base n’est pas capable d’installer Linux car
c’est trop compliqué. Il sera coincé à des tas d’endroits lors de
l’installation et devra alors obtenir de l’aide et comme aucune aide
efficace n’est disponible, ça sera trop compliqué pour lui. Je maintiens
que ces affirmations sont erronées. En résumé, si ma femme rencontre
des difficultés, je ne peux pas l’aider. Néanmoins, elle aura accès à
Internet via un autre ordinateur de la maison.
Elle devra accomplir les tâches suivantes :
- Installer le système d’exploitation depuis le début sur un disque dur vide.
- Se connecter à Internet.
- Ouvrir un navigateur Internet et se rendre sur le site de Google pour prouver que Internet fonctionne.
- Configurer un client de courriels.
- Vérifier ses courriels (l’idée étant que si elle peut vérifier ses courriels, elle peut en envoyer et nous savons déjà qu’elle sait comment le faire. La question est donc de savoir si elle peut, ou non, configurer un client de courriels sur un système tout nouvellement installé).
- Prouver, de manière sonore, que ça fonctionne (comme Mandrake et Windows émettent, par défaut, des sons lorsqu’on se connecte, les systèmes d’exploitation prouveront ceci par eux-mêmes).
Elle devra réaliser toutes ces tâches avec un système d’exploitation Windows 2000 Professionnel et une Mandrake Linux 9.2.
Le matériel
En fait, nous avons eu des problèmes matériels dans la
première phase du Défi et j’ai dû remplacer la carte-mère. Finalement,
voici le matériel qu’elle a utilisé :
- Une carte réseau (je ne me souviens plus du type de carte, mais je sais qu’elle utilisait le module Tulip du noyau, si 4a dit quelque chose à quelqu’un).
- Une carte son CMI8330 « ON BOARD ».
- Un lecteur de CD-Rom.
- Un disque dur (lent) de 4 GB.
- Une carte-mère Matsonic avec un chipset Ali (j’ai oublié lequel).
- Un processeur AMD K6-2 de 450 Mhz.
- 45MB de RAM.
Le début du Défi
Vu que la machine devait finir ses jours comme un client
Linux sur mon réseau local, je lui ai d’abord demandé d’installer
Windows 2000. Je suspectais aussi qu’elle allait bâcher avec Windows
2000 et ne pourrait pas l’installer. C’est que Windows 2000 n’est pas
facile à installer. :-) Pour être tout à fait correct, nous aurions dû
choisir Windows XP, mais je ne l’ai pas. Si quelqu’un veut m’envoyer une
copie, je suis preneur. Je ne l’installerai pas moi-même, mais je
laisserai ma femme se débrouiller et j’allongerai cet article avec le
compte-rendu de cette nouvelle expérience. Ensuite, je détruirai le CD
car le piratage ce n’est pas bien, n’est ce pas ? :-) Bon, je précise
enfin que si j’ai utilisé la carte-mère Matsonic plutôt qu’une autre
avec de jolis chipset dessus, c’est que nous avons eu quelques problèmes
matériels.
Premier démarrage
Pour ceux qui n’ont jamais installé Windows 2000
Professionnel, je dois dire que son installateur est un sacré numéro. Le
partitionnement est réalisé par une interface utilisateur en format
texte. Ensuite, tout un tas de trucs s’installent et l’ordinateur
redémarre. Ensuite, on passe au travers de l’aide à l’installation et
encore plus de trucs s’installent et l’ordinateur redémarre encore une
fois. Ensuite, il fait tout seul un peu de configuration, peut vous
poser quelques questions et redémarre une dernière fois, avec à la clé
Windows 2000.
Ma femme n’a eu aucun problème avec le démarrage initial :-)
Le partitionnement
J’avais déjà démarré l’ordinateur avec l’installateur de
Windows 2000 et j’avais effacé les partitions. Pour faire cela, j’ai dû
créer une partition avec l’installateur parce que sinon, il ne veut pas
écrire la nouvelle table de partition sur le disque dur. Donc, ma femme
avait un ordinateur partitionné pour Windows quand elle a commencé.
Le formatage
Le formatage est une autre paire de manches, même si
c’est la même interface utilisateur que pour le partitionnement. Ma
femme a dû répondre à la question « Sur quelle partition voulez-vous
installer Windows ? ». Windows laisse toujours une petite partition de
quelques méga-octets et le reste avait été partitionné par mes soins en
une seule immense partition. Donc elle avait le choix entre une petite
et une grande partition. Elle a choisit la petite et a été avertie que
« La partition choisie n’est pas assez grande ». Elle est un peu tenace
alors elle a réessayé avec le même choix, s’attendant à une autre
réponse, mais étonnement, elle a reçu la même. Alors, elle a choisi la
grande partition.
Ensuite, elle a dû répondre à la question « Quel système
de fichiers voulez-vous choisir ? NTFS ou FAT ». Elle m’a regardé avec
un petit regard demandeur, mais je lui ai rappelé que je ne l’aiderais
pas. :-) Elle a choisi, plus ou moins au hasard, NTFS, ce qui était le
bon choix à faire. Pendant que le disque dur se formatait (un supplice
d’une demi heure pour dieu sait quelle raison), je lui ai demandé
pourquoi elle avait choisi NTFS. Elle m’a répondu « Parce que c’était le
premier choix ». Bon, j’aurai préféré qu’elle me dise « Parce que c’est
un système de fichier journalisé et que ainsi il est plus stable que le
système de fichier FAT ». Ça aurait été encore mieux si elle m’avait
dit « Parce qu’il n’utilise pas une table d’allocation des fichiers et
que ainsi on peut avoir n’importe quelle quantité de dossiers, de
profondeur d’arborescence de dossier, etc. » Mais bon, elle n’avait
aucune idée de tout ça.
Ensuite, elle s’est plainte du temps que ça prenait pour formater le disque dur et puis s’est mise à attendre.
La configuration
Windows 2000 ne pose pas une foule de questions, mais
après le partitionnement et le formatage, la machine l’a prévenue
qu’elle allait devoir redémarrer. Ma femme a alors retiré le CD et a
laissé la machine redémarrer. Je lui ai demandé pourquoi elle avait fait
ça et elle m’a répondu « L’installation n’est-elle pas terminée ? » Je
lui ai demandé si elle avait eu un message lui disant que c’était le cas
et elle m’a rétorqué qu’elle n’avait eu aucun message prétendant le
contraire. Rien de bien important, juste quelque chose
d’intéressant. :-)
Après avoir redémarré la machine lui a demandé d’introduire le CD.
Ensuite, ma femme s’est coltiné la partie avec le nom de
la Compagnie etc. Elle a aussi dû donner un mot de passe
administrateur. Une autre question a été de préciser si l’ordinateur
était connecté à un réseau. C’est une question particulièrement
importante dans ce cas. Vous avez 3 options : J’utilise une connexion
modem (Dial-up), Je suis connecté à un réseau local (LAN), Je ne suis
pas connecté à un réseau. Ma femme savait qu’elle était sur un réseau et
que nous n’utilisions pas de connexion modem et c’est pourquoi elle a
choisi l’option du LAN. C’était le bon choix. :-) N’empêche que je ne
peux pas m’empêcher de me demander pourquoi Windows n’a pas juste dit :
« Vous avez une carte ethernet, alors je pense que vous devez choisir
(B) » ?
Ensuite, la machine a de nouveau redémarré.
La configuration du réseau
Si je me souviens bien, il y a encore eu un redémarrage
de la machine après les dernières configurations. Je peux néanmoins
m’être trompé.
En tout cas, la fois suivante que la machine a demandé
quelque chose à l’utilisateur, elle était complètement installée. Cette
fois, la machine a demandé à ma femme de retirer le support
d’installation, ce qu’elle a fait, avant de redémarrer.
Elle a réussi à introduire son nom d’administrateur (en
fait, c’était déjà fait pour elle) et le mot de passe et s’est
connectée. Ensuite, sachant qu’elle avait à configurer son courriel et
aller faire un tour sur Google, elle a décider d’abord d’ouvrir
Internet Explorer et d’aller sur Google. C’est là qu’elle s’est trouvée
confrontée avec le menu d’aide à la connection Internet. Elle l’a
recommencé 5 fois de suite et jamais IE n’a pu ouvrir Google. Pauvre
fille.
Elle a alors décidé de continuer et de se tourner vers
son courriel. Elle a ouvert Outlook Express et a réussi à le configurer.
Mais comme le réseau n’était pas disponible (vu qu’elle n’avait pu le
configurer) elle n’a pas pu vérifier son courriel. Une petite remarque à
ce niveau. Je lui ai donné les informations quant aux serveurs de
courriel pour notre FAI [3]
Et lui ai rappelé ce à quoi servent son nom d’utilisateur et son mot de
passe . Je me suis dit que le « simplet » de base aurait eu à
disposition ces informations sur sa carte et je les lui ai donc données.
Résumé de la partie Windows
Donc, ma femme a réussi à installer Windows 2000. Quand
elle a eu fini, elle n’avait aucun autre compte utilisateur que le
compte administrateur. Le son ne fonctionnait pas et on n’avait pas
entendu la musique stupide que fait Windows quand il s’ouvre. J’ai jeté
un coup d’oeil dans le Panneau de contrôle pour le matériel et ai vu
assez clairement que Windows ne reconnaissait pas la carte son. Ma femme
n’a de plus pas pu se connecter à Internet et nous ne savons donc pas
si sa configuration du courriel fonctionnait réellement. Je considère
tout de moins que cette tâche a été accomplie correctement car je l’ai
vu faire. Alors, je lui donne le point pour avoir réussi à configurer
son client de courriels.
Démarrer avec Mandrake
Maintenant, il lui fallait recommencer avec Mandrake. Je
savais avant de commencer qu’elle n’allait pas arriver à réussir
certaines tâches. En fait, j’avais déjà installé Mandrake 9.2 sur nos
ordinateurs et j’étais donc au courant d’un bug (c’est ce que nos
professeurs de français appellerais un « pressentiment »).
Donc, là voilà partie en insérant le CD d’installation de Mandrake et en démarrant la machine.
Localisation et souris
Les 2 premières questions qui vous sont posés par
l’installateur de Mandrake sont « Quelle langue parlez-vous ? » et
« Quel type de souris est connecté ? ». L’installateur de Mandrake est
en mode 100% graphique, contrairement à l’installateur de Windows 2000.
Par défaut, la langue proposée est l’anglais américain et quant à la
souris, elle est généralement trouvée sans faute. La seule exception que
je connaisse est un problème rencontré avec une souris en série. Ma
femme de son côté n’a rencontré aucun problème, sauf qu’elle a pris dans
ses mains la souris et la regardée de plus près plusieurs fois avant de
faire le bon choix et de dire « Je le connaissais déjà, mon type de
souris ! »
Partition et formattage
Mandrake vous pose une seule question à propos de la
création de la partition et vous propose 3 choix. La question est
« Comment voulez-vous procéder ? » et les choix possibles sont « Enlever
Windows, Utiliser l’espace libre, Individualiser le partionnement ». Ma
femme a donc choisi « Enlever Windows ». Ça c’est une bonne petite !
Ensuite, elle a failli tomber à la renverse quand après 10 secondes,
l’installateur en a eu fini avec la partition et le formatage.
Je lui ai alors demandé pour quel système de fichiers le
disque dur avait été formaté. Elle m’a répondu « E iks Té Trois »
(Ext3). Je lui ai demandé pourquoi elle l’avait choisi et elle m’a
répondu « Je ne l’ai pas choisi, mais c’est stable, rapide et
journalisé, quoi que ça signifie ». Super, Mandrake ! Elle n’a pas dû
prendre une décision technique qu’elle ne comprenait pas et en plus, une
fois que l’installation était finie, elle savait quelque chose à propos
de son système de fichiers. Bon, bien sûr le « quoi que ça signifie »
tempère un peu mon enthousiasme et indique clairement que l’explication
fournie par Mandrake n’était encore que partiellement comprise. Ce n’est
pas le but principal d’un installateur d’expliquer ce qui est le mieux,
mais par la suite, elle m’a quand même demandé ce que signifiait
exactement un système de fichiers journalisé et en quoi il était
meilleur. Et je le lui ais expliqué. Juste pour être au clair, elle
connaissait cette description de Ext3 parce que l’installateur le lui
avait dit.
Les logiciels
Aucune question n’est posée à ce sujet lors de
l’installation standard de Windows. Mais dans le cas de Mandrake, elle a
dû décider par elle-même des logiciels qu’elle voulait installer. Pour
l’aider à prendre cette décision, Mandrake a organisé tous les logiciels
en plusieurs catégories. Mais vu que je voulais utiliser son
installation de Mandrake sur l’ordinateur par la suite, je lui ai dit
quels logiciels prendre, une fois qu’elle avait fait son propre choix.
En deux mots, je lui ai demandé « Ne va pas à l’écran suivant sans me le
dire ». Elle a ensuite fait son choix. Je les ai noté comme « Bon » ou
« Mauvais » et je lui ai expliqué ce que je voulais sur l’ordinateur
pour éviter d’avoir à installer plus tard des trucs qu’elle aurait
laissé de côté. Elle avait comme de juste choisi le paquetage « Client
réseau », ce qui était en définitive la seule chose importante pour ce
test.
Question stupide sur la sécurité
Certains diront que la question suivante n’est pas
stupide, mais elle a troublé ma femme : « Les serveurs suivants vont
être installés. Ils sont supposés être sans défaut, mais il se peut que
ce ne soit pas complètement le cas. Voulez-vous quand même continuer
votre installation ? » Elle a répondu « Oui » et a continué. Mais elle a
été un peu interloquée par cette question.
De même, lors de l’installation (j’ai oublié exactement à
quel moment), elle a dû choisir son niveau de sécurité. Il y a 3
possibilités : Bon, Meilleur, Le meilleur. Elle a choisi « Bon », ce qui
était le choix à faire pour un client réseau.
Configuration de l’utilisateur
A ce moment, Mandrake a pris beaucoup de temps pour
installer les paquetages. Il ne lui a pas demandé d’insérer un nouveau
CD, ce qui était bien. Je n’ai pour ma part jamais installé Mandrake
sans avoir à mettre au moins un deuxième CD, mais je prend généralement
beaucoup de logiciels spécifiques (sans avoir recours aux catégories)
quand je fais une installation. Je ne lui ai pas demandé de le faire
dans ce cas de figure vu qu’à la fin, j’allais monter les dossiers
/usr/bin et les autres dossiers /usr comme partage NFS [4] et donc la seule chose qui m’importait c’était que le client NFS soit installé. :-) Et bien sur, les outils de développement.
Après tout ça, la question suivante fut « Quel est le
mot de passe racine (root) ? » Pas de problème là. Ensuite, ce fut
« Configurer un utilisateur ». Elle s’est choisi un nom d’utilisatrice
et a continué.
Détails superflus
Rien d’intéressant ici. Ma femme a réellement pris
beaucoup de plaisir à cette partie, elle a dû répondre à des tas de
questions dont elle connaissait les réponses. Elle s’est donc bien
amusée. :-) Elle a choisi de ne pas se connecter automatiquement comme
utilisatrice quand elle est arrivée à cette question. Elle n’a rien eu à
répondre en ce qui concerne X, et ce dernier a pris d’office la
résolution 1024 x 768 (et en plus, c’était celle que je voulais). En fin
de compte, elle s’est donc bien amusée.
Configuration finale
A la fin de l’installation, ma femme a eu droit à un
récapitulatif de tous les choix qu’elle avait fait. Elle a donc remarqué
que ni le Son, ni l’Heure n’avaient été configurés. Elle a alors
commencé à configurer l’heure, choisissant de la synchroniser avec NTP [5]
et choisissant un serveur. Elle n’a pas réussi à configurer le son à ce
moment, même si elle a pu apprendre qu’elle avait le système CMI83330
pour le son.
En conclusion, combien de fois Mandrake a-t-il dû redemarré lors de l’installation ?
Réponse : 0
Démarrer avec le système fonctionnel
Ensuite, la machine l’a avertie qu’elle devait retirer
le support d’installation et redémarrer. Elle l’a fait et a ensuite été
confrontée à la demande de connexion sous X. Elle a tapé son nom
d’utilisatrice et son mot de passe (il faut noter ici que ce n’était pas
comme administrateur qu’elle se connectait).
Mandrake a un truc bien qui s’appelle « Aide de la
première utilisation ». La première fois où je l’ai vu, j’ai détesté. Et
les fois suivantes aussi. Quand j’ai observé ma femme l’utiliser lors
de ce test, j’ai commencé à l’adorer et maintenant, j’en suis fan.
Sauf que Mandrake 9.2 a un sérieux bug. Aucun client de
courriels n’avait été installé et ma femme a donc été quelque peu
surprise à ce moment du dialogue. Elle a juste cliqué pour continuer et à
la fin, elle a été un peu frustrée que l’aide lui demande de configurer
son courriel alors que cela lui était impossible. Il faut noter ici que
c’est un nouveau problème. J’ai utilisé toutes les versions depuis la
8.1 et c’est la première fois que je remarque ceci.
Quand l’aide a eu terminé, elle a ouvert Konqueror et a été sur Google.
Elle n’a pas trouvé un client de courriels.
Elle a aussi eu droit à un message lui disant que « Le son ne fonctionne
pas ».
Résumé de la partie Mandrake
Donc, à la fin, elle avait correctement installé le
système d’exploitation. Elle avait configuré un compte utilisateur et
donner un mot de passe racine (root). Le réseau fonctionnait et elle a
pu surfer. Mais elle n’a pas pu vérifier ses courriels car aucun client
n’avait été installé.
Comparaisons finales
Tâches | Windows 2000 | Mandrake 9.2 |
---|---|---|
Installation du système d’exploitation | OUI | OUI |
Connexion à Internet | NON | OUI |
Ouvrir un navigateur et aller sur Google | NON | OUI |
Configurer un client de courriels | OUI | NON |
Vérifier ses courriels | NON | NON |
Avoir le son qui fonctionne | NON | NON |
Pour Windows, rien d’autre à ajouter. En comparaison, à la fin de l’installation de Mandrake, elle pouvait :
- Citer plusieurs caractéristiques du système de fichiers Ext3.
- L’horloge a été configurée pour être automatiquement synchronisée avec les serveurs internet.
- Ne pas se connecter en tant qu’un administrateur car elle avait créer un compte utilisateur.
- Citer au moins un des serveurs installés sur son ordinateur.
- Me dire quel type de souris elle utilisait :-).
En résumé, elle n’a pas réussi 4 tâches sous Windows et 3
sous Mandrake Linux 9.2. Au vu de tous les trucs annexes qu’elle a
appris lors de l’installation de Mandrake, je crois pouvoir dire que
Mandrake a enfoncé bien profond Windows. Et cela malgré le fait qu’elle
n’ait pas pu avoir un client de courriels fonctionnel. Elle a en effet
un compte hotmail ce qui fait que techniquement, elle avait accès à ses
courriels dès qu’elle avait accès à Internet avec un navigateur.
Néanmoins, comme les termes du Défi étaient qu’elle devait vérifier ses
courriels avec un client et non avec un navigateur, cette tâche n’est
pas considérée comme réussie (elle a boudé un petit moment).
Mais bon, si Mandrake avait installé Kmail comme il le
fait généralement, elle aurait pu configurer son client de courriels et
vérifier si elle avait de nouveaux messages. Donc ce n’est qu’à cause
d’un petit bug que Mandrake n’a pas réussi haut la main ce test. Ça
m’attriste un peu car c’est un nouveau bug qui n’existait pas dans les
précédentes versions et qui n’est apparu que dans la Mandrake 9.2.
J’espère qu’il sera corrigé dans la Mandrake 10.0. :-)
Il est aussi important de noter que l’installateur
Mandrake, disponible par défaut, pose plus de questions et fournit au
final une station de travail plus personnalisée. Mais
ilexisteaussiunmode Expert.C’est celui que j’utilise généralement. :-)
Dans le mode Expert, il y a tout un tas d’options en plus que dans le
mode « simplet » disponible par défaut. Et ces différents modes
d’installateurs n’existent pas dans Windows. De plus, Mandrake Linux
installeun système d’exploitation plus sûr. Il suffit de voir que c’est
avec Mandrake quela question de la sécurité aétéabordéeetc’est aussi
avec Mandrake que ma femme a pu se connecter dans son tout nouveau
système d’exploitation en utilisant son compte d’utilisatrice. Avec
Windows, tout ça est impossible, même avec XP ! Avec XP, vous pouvez
créer un utilisateur, mais ce dernier a les droits d’un administrateur.
Du point de vue de Mandrake (qui est aussi le point de vue de toute la
communauté Linux, sauf Lindows), ce n’est par contre pas une bonne
chose, pour la sécurité, qu’un simple utilisateur ait les pouvoirs d’un
administrateur. Et c’est encore avec Mandrake qu’on peut choisir le
niveau général de la sécurité. Bien sûr, il faut là faire confiance à
Mandrake pour avoir configurer proprement leurs différents niveaux. Mais
l’autre option est d’avoir confiance dans le plan sécuritaire proposé
par défaut par Windows, plan qui reste obscur et qui, par le passé, a
montré de sérieuses lacunes.
Il a aussi été intéressant d’observer l’attitude de ma
femme lors de l’installation des 2 systèmes d’exploitation. Pendant
l’installation de Windows 2000, elle est devenue de plus en plus
découragé et n’a pas aimé ça. Elle m’en a voulu de l’avoir forcée à
relever le Défi, même si depuis le début, je lui ai dit « Ne le fais pas
si tu ne le veux pas ». Elle m’a avouée par la suite qu’elle se sentait
devenir de plus en plus idiote au fur et à mesure de l’installation de
Windows. Et quand elle en a eu fini avec cette première partie du test,
elle n’a pas voulu continuer avec l’installation de Mandrake car elle
n’était pas sure de ne pas y laisser des plumes, émotionnellement
parlant.
Elle s’est néanmoins accrochée car c’est une fille qui a
du cran. L’installation de Mandrake lui a alors vraiment rendu le
sourire. Elle a été contente quand on lui a demandé quelle langue elle
parlait. Elle a vraiment aimé tout un tas de trucs. Elle a apprécié que
l’installateur lui ai toujours précisé ce qu’il faisait, pourquoi il le
faisait et en quoi c’était important pour elle. Elle a appris des
nouvelles choses et ça, ça la rend toujours heureuse. Lorsque
l’installateur de Mandrake en a eu fini, elle sautait presque de joie.
Elle est passée d’une humeur noire totale, pensant qu’elle n’aurait pas
dû se lancer dans une affaire aussi compliquée que l’installation d’un
système d’exploitation, au sentiment qu’elle avait totalement le
contrôle sur ce qui se passait. Elle a cherché comment personnalisé un
peu plus la configuration de l’ordinateur. J’ai été particulièrement
ébahi de l’ascenseur émotionnel qu’elle a pris lors de cette
installation.
Quand la dernière installation a été finie, elle a
commencé à jurer contre Windows. Après la façon dont l’installation de
Mandrake s’est déroulée, elle s’est sentie réellement insultée par la
manière dont l’installateur de Windows l’avait traitée.
A la fin, je n’ai pu faire autrement que conclure que
j’avais raison et d’autres personnes tort. Mandrake 9.2 était très
facile à installer pour ma femme. Mandrake 9.2 est facile à installer en
général. C’était plus facile à installer que Windows, même si la
différence est seulement minime. A la fin, ma femme a eu entre ses mains
un meilleur système avec Mandrake. Et cet installateur lui a appris des
choses.
Après le Défi
Après ce Défi, j’ai essayé de faire fonctionner le son. En fait, le pilote de son CMI8330 sur Alsa [6]
était cassé. De plus, pour une raison inconnue, je n’ai jamais pu voir
ma carte son avec le noyau 2.4 de Mandrake ou avec un noyau 2.6 compilé
par mes soins. J’ai donc acheté une carte son bon marché et l’ai mis
dans la machine. Le noyau 2.4 n’a eu aucun mal avec. La carte réseau a
aussi rendu l’âme et je l’ai retirée. Nous n’utilisons donc pas cet
ordinateur pour le moment car il n’est pas connecté au réseau et est
donc complètement inutile.
Ma femme, au contraire, a commencé à s’intéresser de
plus en plus à nos ordinateurs. Même si celui qu’elle a installé est
cassé, elle est plus intéressée, de manière générale, vis-à-vis des
machines. Elle n’a pas assez de temps pour en faire son nouveau
passe-temps mais maintenant elle considère les ordinateurs aussi
sérieusement que sa voiture. Ce qui est la bonne manière de faire, à mon
avis. Ainsi maintenant, elle s’inquiète de la maintenance, regarde
périodiquement si son ordinateur fonctionne normalement. Elle s’est
demandée ce qu’elle pouvait faire de plus avec l’ordinateur et elle
s’est même impliquée dans des projets plus ambitieux, comme examiner le
Menu K pour ouvrir d’autre logiciels. Je l’ai même observé utiliser le
panneau de contrôle de KDE pour chercher de nouvelles façons de
personnaliser sa station de travail.
Recommencer le Défi ?
Je ne peux pas le refaire. La seule chose que je puisse
faire c’est de demander à ma femme d’essayer avec Windows XP. Plus que
ça ? Et bien, on peut dire que désormais elle a expérimenté une
installation de Linux. Je suppose qu’elle pourrait tester d’autres
systèmes d’exploitation, même si elle est maintenant à un niveau un peu
plus élevé que celui du « simplet » de base. Donc ça ne serait pas une
bonne comparaison.
Néanmoins, si quelqu’un d’entre vous connaît une
personne qui peut être un utilisateur « simplet » de base et qui veut
participer à ce test, alors faites-le ! Si vous prenez des notes et que
vous me les envoyer, je serais content d’en faire un compte-rendu. Et si
vous le faites vous-même, tant mieux ! Je serais tout aussi heureux de
le rajouter ici. Si ce genre de Défi n’est fait qu’une seule fois, il
reste anecdotique. Mais si on finit par avoir tout un tas de
compte-rendus pour beaucoup d’expériences détaillées avec des gens et du
matériel différents, alors on pourra réellement en tirer quelque chose.
[1]
Système de vente liée qui implique l’installation d’un système
d’exploitation par défaut sur un ordinateur vendu dans le commerce. Voir
le dossier OEM concernant les ventes forcées de logiciels de LinuxFrench. Ndt.
[2] tablette sensible à la pression qui permet de déplacer le pointeur de la souris avec les doigts. Ndt.
[3] Fournisseur d’Accès Internet Ndt.
[4] Network File System. Système de partage des fichiers en réseau. Ndt.
[5] Network Time Protocol. Protocole permettant de mettre à jour l’horloge de son ordinateur via internet. Ndt.
[6] L’un des serveurs son sous Linux. Ndt.
http://www.framasoft.net
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